pascale hémery

Pascale Hemery

le travail de pascale hémery porte un regard autre sur les lieux parcourus au quotidien. Pour elle, ce qui nous entoure est à la fois anecdotique et profond, pour peu que l’on s’y arrête. la ville en particulier suscite chez elle une véritable excitation créatrice par la diversité de ses formes mais aussi son ambivalence. son travail vise à en révéler la beauté sous-jacente, insaisissable au premier coup d’œil.

c’est au cours de ses voyages dans les villes de londres à berlin, new-york et madrid ou encore Naples que s’est forgée sa propre manière d’appréhender la lumière naturelle qu’elle retranscrit par un simple jeu de couleurs primaires, gravé sur une planche de bois de très grand format. l’économie de moyen comme contrainte conduit à une puissante expressivité sur un fil tendu entre le réel et l’imaginaire. en contre-point, elle développe un travail au fusain et en peinture, au plus près de cet immense corps en mouvement.

le désordre apparent des formes architecturales, un nuage, un échafaudage sous le vaporetto de la poudre du fusain invite au voyage immobile. tandis que la couleur mat, en touches juxtaposées construit solidement l’image, et augmente la puissance du réel pour révéler toute son intensité.

le spectateur est comme au cinéma en décalage dans l’espace et le temps. au risque de se perdre pour mieux se retrouver, il en sort littéralement renouvelé.

pascale hémery dessine l’envers des grandes villes. elle donne à voir le côté cour ou le côté terrasse avec de vastes vues plongeantes, comme si elle se tenait au sommet du plus haut immeuble. elle compose un fragment de ville silencieux avec enchevêtrement de lignes qui laisse pressentir le chaos tout proche. avec elle, la rêverie garde une grande précision de contour. au fusain et parfois à la craie, elle parvient à faire vivre et respirer la surface d’un pan d’immeuble, elle fait vibrer le faisceau métallique d’une voie ferrée, elle restitue aux mastodontes urbains une part de douceur et de fragilité. elle donne à ces dédales de ciment et de pierre la sensibilité d’un corps endormi.

ses œuvres font partie de collections publiques, telles que le musée Carnavalet, la BNF, les musées des beaux-arts de nevers, belfort, le musée du dessin et de l’estampe originale de gravelines ainsi que de nombreuses collections privées en France et à l’étranger.

philippe garnier

biographie

les premières gravures sur bois de pascale hémery voient le jour dès le début de sa formation à l’e.s.a.g en 1988. a l’ecole nationale supérieure des beaux-arts de paris, à l’atelier de vincent bioulès et jean-michel albérola, elle expérimente le dessin, la peinture et la gravure en couleurs. elle en sort diplômée en 1994.
son procédé à « bois perdu » est aussi connu sous le nom de suicid print. au fur et à mesure qu’elle creuse la matière, elle avance progressivement vers l’anéantissement de son dessin. « c’est dans l’épuisement que je cherche à atteindre une forme de véracité» dit-elle lors de sa conférence au collège de france en 2015, publiée aux editions odile jacob.
on assiste ici à une destruction de l’image. picasso affirmait « je fais un dessin puis je le détruit ».

en 1998, lauréate d’une bourse à la casa de velasquez, elle séjourne à madrid, y réalise un grand nombre de croquis pris sur le vif retravaillés à l’atelier de manière à transfigurer le réel par une multiplicité de points de vues.
selon pascale hémery, la ville témoigne des mutations et des transformations qui s’opèrent sur les êtres au quotidien. une cartographie imaginaire se met en place, se jouant de la confusion des lieux parcourus de madrid à paris, berlin puis amsterdam, londres, naples.
l’institut de france la récompense du prix pierre cardin en 2003, pour l’ensemble de son œuvre gravé.

en 2006, le musée du dessin et de l’estampe originale de gravelines lui consacre une exposition retrospective accompagnée d’un catalogue monographique préfacé par michael edwards de l’académie française. elle collabore avec la galerie lambert rouland aux côtés de grands artistes tels que miklos bokor.

le travail de pascale hémery prend une toute autre envergure par la réalisation de séries de peintures et fusains sur new-york et udaipur, présentés lors d’une exposition personnelle, « vertiges urbains » en 2010 à l’espace des dominicaines de pont l’évêque. alain madeleine perdrillat écrit à cette occasion « elle n’a de cesse de chercher à substituer un nouvel équilibre improbable à une réalité sentie en profondeur comme étrangement instable».

ses estampes monumentales sur new york sont présentées à armory print show en 2016. en 2019, une exposition personnelle au couvent des dominicains, la fabrique du 222 à paris présente un ensemble important de ses travaux récents. les galeries artismagna et artborescence lui consacrent une exposition personnelle en 2022.

pascale hémery vit et travaille à paris, elle expose régulièrement son travail en france et à l’étranger. elle est représentée par emanuel von bayer à londres, la galerie prouté à paris pour ses estampes et la galerie artismagna.

ses œuvres font partie des collections publiques ainsi que de nombreuses collections privées en france, belgique, allemagne, angleterre, suisse et aux etats-unis.

From-the-Heights-II-New-York-Bois-grave-en-monochrome-rouge-70x100cm-2016 | Pascale Hemery

pen on canvas | 20 × 30 cm | 2022