ramzi ghotbaldin est né en 1955 à khanaqin, entre le kurdistan iranien et le kurdistan irakien, dans une famille de photographes. très jeune, il participe aux activités du studio familial et cet univers l’oriente naturellement vers l’école des beaux-arts où il obtiendra son diplôme en 1975, section graphisme / gravure.
de 1982 à 1990, il s’engage dans la résistance kurde. en 1988, après le gazage du kurdistan
irakien, il part vivre au kurdistan iranien. il y fera ses premières expositions. c’est en 1990 qu’il est invité à paris à l’occasion d’une exposition d’artistes kurdes. il obtiendra l’asile politique et la nationalité française quelques années plus tard. cette double appartenance détermine sa singularité et la richesse de sa mémoire nourrit durablement son travail.
ramzi ghotbaldin trouve sa pleine maturité dans la synthèse des éléments profondément
inscrits en lui et du regard qu’il porte sur son environnement. il vit et travaille à paris où il expose régulièrement ainsi qu’en normandie, en dordogne mais aussi en belgique, aux états-unis, au kurdistan et en angleterre.
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l’exposition réminiscence(s) présente 32 œuvres de l’artiste dont 21 huiles sur toiles et 11 techniques mixtes sur papier visibles ci-contre. des paysages entrevus au travers de mouvantes frondaisons, des fleurs délaissées, des silhouettes aperçues, des ombres diaphanes. ces images convoquent immédiatement en chacun d’entre nous des souvenirs, des impressions visuelles, des fragrances et des sonorités qui paraissent étonnamment présentes au moment même où on les observe.
à la manière de l’écriture de patrick modiano, la peinture de ramzi ghotbaldin entremêle
présence et absence, contracte passé et présent ravivant la mémoire d’instants effleurés, mais toujours pleins de calme et de paix. « à celle qu’on voit apparaître une seconde à sa fenêtre et qui, preste, s’évanouit mais dont la svelte silhouette est si gracieuse et fluette qu’on en demeure épanoui » disait antoine pol dans son poème «les passantes».
bien qu’ayant connu les faces les plus sombres de l’âme humaine du xxème siècle, ou peut-être pour cette raison, il semble nous inviter à la contemplation et à la sagesse. sa peinture résolument contemporaine, traversée de mélancolie et de sérénité, incarne un romantisme bienvenu au début de ce siècle qui se cherche.
jean marc vernier
écume — huile sur papier kraft — 2020 | 51 x 46cm